e suis debout, sur une estrade, vêtue d'un large tutu blanc qui forme un voile de tulle autour de mes jambes perchées sur des pointes de satin noir. Je porte un corset de la même matière et de la même couleur parsemé de petits rubis qui irradient des lueurs sanguines sur ma jupette immaculée. Je virevolte, danse, saute comme le chat et fait l'arabesque sous les notes sibyllines du Lac des Cygnes de Tchaïkovski. Le public est entièrement plongé dans le noir, excepté un visage opalin, un sourire reconnaissable entre tous, celui de ma mère. Je l'observe un instant, elle agite sa main et alors que mon partenaire m'attrape pour me lancer dans les airs, je la vois s'envoler tel le cygne blanc qui disparaît sur les eaux limpides du lac. Une sonnerie stridente retentit et emporte l'harmonie qui règne sur la scène.
J'ouvris les yeux et posais brutalement ma main sur le réveil pour le faire taire. Quelques gouttes de sueur glissaient encore le long de mon dos, souvenir d'une nuit encore une fois parsemée de rêves étranges et cauchemardesques. Les mêmes angoisses incessantes, qui frappaient chaque nuit à la porte de mon esprit, réveillant quelques réminiscences pénibles. Enroulée dans mes draps blancs, je dissimulais ma tête sous ce fin rideau de tissus pour me cacher des quelques rayons du soleil qui traversaient les volets. La lumière du jour appelait à jouer une nouvelle comédie pour assouvir un besoin violent de popularité et d'affection. Je repoussais d'un geste brusque mon voilage et me levais pour écarter les volets. L'éclatante lumière de l'amant de la lune vint me frapper en plein visage, irradiant mes pupilles que je tentais de calfeutrer tant bien que mal derrière un rideau de cils. J'enrageais et décidais de passer le plus rapidement possible au travers de cette journée qui s'annonçait tout aussi monotone que les autres.
Le lycée, ce bal masqué perpétuel ou chacun joue un rôle qui lui est propre. Je n'était que l'un de ces travestis, une marionnette dont chacun tirait les fils. Je marchais, tête haute, perchée sur des talons hauts que j'avais soigneusement choisi au réveil. J'avançais dans les couloirs, jetant des regards empli de dédain aux quelques jeunes outsiders que je croisais. Tel Moïse qui séparait la mer, j'écartais la foule dans les couloirs, mais au plus profond de moi, j'étais juste une naufragée qui tentais de se maintenir à la surface. Je ne l'aurais jamais avoué évidemment. Je poursuivais mon chemin, ne prêtant guère attention à ce qui se passait devant moi, quand soudainement, je pris en plein poitrine une jeune fille. Chevelure rousse, regard perdu, elle balbutia quelques excuses. Sa tignasse enflammée n'était pas sans me rappeler celle de ma sœur, elle qui pouvait me jalouser, puis tenter de me protéger, elle avait l'art et la manière de me mettre hors de moi ces derniers temps, prête à me faire la morale à chaque instant.
« - Dégage la gosse, et t'as pas intérêt à me bousculer à nouveau. »
J'étais odieuse, j'étais une garce, insensible, riche et superficielle, un vrai cliché.
Les heures s'égrenaient, tic, tac, tic, tac, les cours s’enchaînaient, dring, dring, les élèves criaient, riaient, insouciants. Je riais avec eux, insouciante, sans l'être. J'affichais ce sourire malsain, ni franc, ni sincère, il n'était pas un masque ou une façade, juste une habitude souvent hypocrite. Quelques railleries, par ci, par là, et le soleil déclina enfin. M'offrant la liberté de courir jusque ma grande maison blanche, de lâcher mon sac dans l'entrée et courir jusque la salle de danse. Lancer Tchaïkovski et virevolter comme je l'avais fait dans mon rêve.
J'étais changé et je dansais à travers la pièce, me perdant dans ma passion, oubliant le monde extérieur, du moins autant que je le pouvais. Une porte claqua. Je m'arrêtais au cœur d'un entrechat et me jetait rapidement sur le poste pour faire cesser l'harmonieuse mélodie.
« - Papa c'est toi ? »
Je criais sans vraiment le vouloir. Je traversais la pièce en quelques enjambés et entrouvrit la porte afin de glisser un regard à ce qui pouvait se tramer dans le couloir. J'espérais voir mon paternel, j'avais envie de le voir, j'avais envie d'un élan d'affection, mais je ne vis qu'une flammèche rousse éclatante dans le long corridor.
Dernière édition par Gabrielle Harvelle le Dim 27 Jan - 19:21, édité 1 fois
Sujet: Re: Gabrielle & Tessa - I'm looking for freedom [ Terminé ] Jeu 24 Jan - 21:34
Gaby & Tessa
❝ I'm worried about you ❞
5H36PM. Tessa termina de classer les derniers dossiers qui s'étalaient sur son bureau afin de pouvoir enfin rentrer chez elle. Être stagiaire dans l'entreprise de son père lui demandait énormément de boulot, mais le plus dur était bien définitivement de devoir supporter son géniteur avec qui les relations étaient déjà bien assez compliquées. La rousse finit par attraper sa veste et son sac à main et quitta enfin le bâtiment. Elle serait bien passé saluer son père, lui dire qu'elle partait, mais à quoi bon ? Il n'en avait très certainement rien à faire.
Balançant son burberry sur le siège côté passager, la jeune femme s'empressa de démarrer sa lexus décapotable flamboyante et un instant plus tard, elle s'élança hors du parking et ses pneus allèrent caresser l'asphalte brûlant du soleil californien qui tapait encore en ce mois d'octobre.
La route, la musique, le vent dans les cheveux et la vue du paysage à travers ses lunettes de soleil, l'environnement était parfait pour se laisser emporter par un millier de pensées et l'esprit de Tessa commença à divaguer, se perdant dans les tréfonds de ses souvenirs. A mesure qu'elle roulait, le paysage changeait, passant du centre ville oppressé par des immenses tours, aux quartiers modestes à la sortie de la ville, se transformant bientôt en collines en bord de mer commençant à laisser apparaître des villas de plus en plus luxueuses. A la vue de ce paysage qui s'offrait à elle, Tessa ne pouvait cesser de réaliser à quel point Westminster lui manquait. Si cela ne tenait qu'à elle, jamais elle n'aurait mis les pieds sur ce continent, l'Angleterre était définitivement son pays.
Passée le grand portail qui surplombait le manoir des Harvelles, Tessa se gara juste devant la porte d'un des garages et resta assise au volant de la voiture encore quelques minutes, l'esprit préoccupé. Elle avait sorti de son sac un petit sachet contenant de l'herbe qu'elle avait depuis maintenant plus d'une semaine. En réalité, c'était une femme de ménage qui l'avait trouvé dans une des poches d'un jean de Gabrielle et qui avait jugé raisonnable de le confier à Tessa, pensant qu'elle saurait comment gérer cela. Hors Tessa ne savait pas, et c'est bien pour cela qu'il commençait à traîner dans son sac depuis un long moment. Des crises, elle en avait géré pas mal, mais ça, c'était au delà de ses compétences.
Tessa poussa un profond soupir après avoir fermé bruyamment la porte d'entrée, la voix de sa petite soeur se faisant entendre presque instantanément. La déception qui apparut sur son visage après avoir constaté qu'il ne s'agissait que de son ennuyante grande soeur, Tessa avait l'habitude de la voir, c'était presque devenu un sentiment qui lui était exclusivement destiné.
"Il faut qu'on parle Gaby, maintenant." Déclara-t-elle avant que le petit monstre ne fasse demi tour et enchaîna en levant le petit sachet afin que Gabrielle puisse le voir. "Tu m'expliques ? "
Une brève déception s'empara de moi quand je reconnu Tessa, fraîchement rentrée de son stage. Elle m'observait et avait l'air fort préoccupée. C'était un regard que je lui connaissais bien, un regard qu'elle posait trop souvent sur moi. Je commençais déjà à me retourner, prête à claquer la porte de la salle de danse et à retourner à mes arabesques quand la voix de Tessa me stoppa net. Je pivotais, et affrontais son regard déçu et mécontent. Elle agitais sous mon nez un sachet d'herbe, sachet que je ne trouvais plus depuis une semaine déjà. J’avais craint que l'on me l'ai volé à une soirée, mais non, depuis tout ce temps il était en possession de mon admirable grande sœur, si sage et si attentionnée.
L'odeur qu'elle agitait sous mon nez était enivrante, elle me rappelait quelqu'un moment d'oubli passé avec des filles tout aussi superficielle que moi. Une cigarette à la main, quelques rires et un esprit qui s'embrume doucement, tout doucement, voilà ce que tout cela m'évoquait. Je tendis la main et arrachais le petit sachet de la main de Tessa. Après tout cela m'appartenait.
« - C'est à moi, merci de me l'avoir retrouvé. »
Je ne parvenais même pas à me sentir coupable, la seule chose que je voulais vraiment c'était la provoquer, comme si l'énerver était un jeu. Je soupesais le petit paquet, il semblait être aussi plein que la dernière fois que je l'avais vu. Tessa l'avait juste sagement gardé, attendant probablement le moment propice pour venir me faire un sermon.
« - T'aurais dû en prendre un peu tu sais, ça t'aurais détendu. »
Je dépassais probablement les bornes, je les dépassais nettement, mais Tessa n'était pas ma mère, ni mon père. Elle aurait du me protéger, en rire avec moi et partager une vraie complicité, mais au lieu de ça, elle m'accusait, me méprisait probablement. Toute sa vie ici n'était qu'un cauchemar, je le savais bien, Londres, Westminter, tout cela lui manquait tellement. La pluie, comment cela pouvait il être une absence que l'on ressent. L'amérique, Garden Grove, c'était un peu mon paradis, un peu mon rêve quand on y regardait de plus près. J'étais devenu la parfaite petite américaine, accent parfait, comportement si proche de ce qu'on pouvait voir dans les séries, j'étais destinée à cela. Tessa, elle, s'accrochait à l'Angleterre, encore, son accent persistais, si British.
J'inspirais un grand coup l'air ambiant, une légère odeur de sel régnait, qui passait par la porte entrouverte de la salle de danse, quelques relents de transpiration et le parfum délicat de Tessa. A ce bouquet de fragrances s'ajoutait l'odeur fine quoique prononcé du cannabis que je tenais désormais à la main. Je tentais de me rappeler où j'avais pu le perdre, comment Tessa avait pu le trouver, mais le seul endroit où je l'aurais dissimulé étant sans aucun doute ma chambre. C'était mon havre de paix, l'endroit où j'étais qui je voulais, comme je le voulais, c'était un lieu sacré pour moi, empli de secrets, de mes doute, mes larmes et mes rires et visiblement Tessa avait pris la peine de saccager, de briser mon intimité en fouillant la fouillant. Mes prunelles restèrent un moment sur le sachet pendant que toutes les réflexions valsaient dans ma tête. Puis, en arrivant à la conclusion je vis rouge, une ire violente s'empara de moi :
« - Tu es entré dans ma chambre, tu as fouillé, comment as tu osé, c'est un endroit privé, intimité tu connais ? »
Je criais, j'hurlais presque, j'étais totalement hors de moi. J'agitais le sachet devant elle pour tenter d'appuyer mes arguments. Ma grande sœur était venu m'engueuler et j'étais visiblement en train de retourner la situation à mon avantage.
Sujet: Re: Gabrielle & Tessa - I'm looking for freedom [ Terminé ] Ven 25 Jan - 10:34
Gaby & Tessa
❝ I'm worried about you ❞
Vraiment, ce n'était pas du tout dans l'envie de Tessa de faire une énième leçon de morale à sa petite soeur, mais voilà, elle avait tendance à faire preuve d'une irresponsabilité telle que la jeune femme n'avait pas le choix. Gabrielle devenait de plus en plus difficile à vivre et apparemment, seule Tessa semblait s'en inquiéter. Mr Harvelle lui, sans réellement s'en rendre compte encourageait sa benjamine dans ses bêtises en la pourrissant que d'avantage de cadeaux non mérités, en la chouchoutant, en lui pardonnant absolument tout. D'ailleurs la rousse était certaine que s'il était tombé sur ce petit sachet, il n'aurait même pas cherché à avertir Gaby. C'est simple, depuis la mort de leur mère, il n'y avait plus aucune figure parentale dans leur famille, leur père ayant perdu toute forme d'autorité noyé dans son chagrin.
Tessa n'eut même pas le temps de réagir que le petit sachet qu'elle tenait entre ses mains lui fut arraché, reposant désormais entre les doigts immatures de sa petite soeur.
« - T'aurais dû en prendre un peu tu sais, ça t'aurais détendu. » Dit-elle. C'était le comble, maintenant sa petite soeur lui conseillait de prendre de l'herbe, vraiment tout allait de travers ici. Néanmoins l'aînée n'eu pas le temps de réagir que sa soeur éclata de colère :
« - Tu es entré dans ma chambre, tu as fouillé, comment as tu osé, c'est un endroit privé, intimité tu connais ? »
Tessa était sous le choc, comment pouvait-elle penser qu'elle avait fouillé dans sa chambre ? Pensait-elle vraiment que le monde tournait uniquement autour de son petit nombril de garce populaire ? Vraiment c'en était trop, la rousse ne pouvait plus supporter cette gamine et explosa à son tour, après avoir arraché une nouvelle fois le petit sachet d'herbe.
"J'ai autre chose à faire que d'aller fouiller dans ta chambre idiote ! Figure toi que moi j'ai des responsabilités contrairement à toi et elles ne s'arrêtent pas à décider quelle foutue paire de chaussures je vais mettre ou quel petit con sera mon nouveau copain pour la semaine !
Bon c'est vrai qu'elle y allait un peu fort, mais une fois qu'elle était lancée, c'était dur de l'arrêter.
"C'est la femme de ménage qui l'a trouvé dans ton jean par ce que tu es si intelligente que tu oublies de vider tes poches pleines de drogues ! "
Elle avait hurlé toute sa colère, et pourtant elle avait l'impression que ce n'était que le début. Avec Gaby c'était toujours comme ça. Les conversations tranquilles et posées n'existaient pas.
'y était peut être aller un peu fort, ma phrase à peine terminé je déglutis face au regard empli de rage et de colère de sœur. Elle était tellement exemplaire, tellement parfaite, sage, presque avocate, elle semblait réussir tout ce qu'elle entreprenait. C'était difficile de suivre un tel chemin, un chemin tracé si brillamment, je ne pouvais au fond pas vraiment rivaliser, alors je traçais mon propre chemin. Amusement, beauté, popularité et probablement futilité, je ne m'accablais pas de milliers de responsabilités, la vie est courte, je le savais bien plus que d'autres les événements de cet été en était encore une autre preuve. Et alors que je sentais la mort me guetter sans cesse, tel l'ombre tapis derrière un mur, prête à vous sauter dessus, n'importe où, n'importe comment, je choisissais de vivre autant que je le pouvais, de prendre autant d'admiration que je le pouvais, de rire, d'oubli et de douceur. C'était tout cela que Tessa ne comprenait pas, qu'elle ne voulait pas voir et qui me faisait sortir de mes gonds.
Le sachet que je tenais toujours devant moi, comme un trophée s'évapora de mes mains en un instant et se retrouva de nouveau entre les doigts de ma sœur. Elle le tenait comme quand elle l'avait secoué sous mon nez pour me spécifier mon erreur. Je pouvais voir les affres de la colère se propager dans son regard, elle allait exploser et les cris allaient encore une fois retentir dans la maison, une énième dispute sous le toit des Harvelles entre les deux héritières.
« J'ai autre chose à faire que d'aller fouiller dans ta chambre idiote ! Figure toi que moi j'ai des responsabilités contrairement à toi et elles ne s'arrêtent pas à décider quelle foutue paire de chaussures je vais mettre ou quel petit con sera mon nouveau copain pour la semaine ! »
Elle exagérait, transformait ma vie en un enchaînement ridicule de décisions futiles et versatiles. A travers ses mots j'avais l'impression d'être une vulgaire poupée, aux mœurs légères de surcroît, alors qu'elle, elle travaillait, elle avait des responsabilités, des trucs tellement plus importants que moi, que papa et que tout le reste.
"C'est la femme de ménage qui l'a trouvé dans ton jean par ce que tu es si intelligente que tu oublies de vider tes poches pleines de drogues ! "
JLa femme de ménage, cette garce qui ne pouvait pas faire autre chose que plonger son nez dans les affaires des autres m'avait dénoncé alors, il était évident que sa place au sein de la famille risquait d'être menacé, je trouverais bien une raison pour que papa la licencie et ce pour fautes évidemment. Tessa avait raison, j'étais peut être une garce, mais je n'étais pas une idiote comme elle semblait l'insinuer.
« - De quoi elle se mêle la femme de ménage. Et toi aussi bordel, c'est pas de la cocaïne, c'est un peu de cannabis, rien de grave, alors arrête donc de paniquer autant, toi et tes responsabilités. Parce que toi tu dois travailler, tu es tellement parfaite, intelligente. Et moi si futile. C'est ça hein ? Mais moi au moins je vis, je m'amuse, tu vas finir par crever trop jeune si tu continues comme ça de toute façon. Décoince toi, merde ! »
J'étais méchante sans la moindre limite, sans la moindre douceur. Je lui balançais dans la tête tout ce qui pourrait lui faire mal.
« - T'es pas maman, tu peux pas me dire ce que je dois faire et de toute façon papa dit rien, tu te prends pour qui, le petit chef ? Ben va te faire voir, j'en ai marre que tu me fasses toujours la morale. »
Maman, j'avais osé la mêler à ça et je savais que si Tessa risquait de pas laisser passer une chose, c'était bien celle-ci.
Sujet: Re: Gabrielle & Tessa - I'm looking for freedom [ Terminé ] Ven 25 Jan - 18:13
Gaby & Tessa
❝ I'm worried about you ❞
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Les derniers mots que prononça Gabrielle laissèrent place à un silence alourdissant la tension régnante dans cette atmosphère devenue d'une hostilité qui pourtant n'avait pas lieu d'être.
"Maman". Ce simple mot resta en suspens pendant une durée qui semblait interminable dans l'esprit de Tessa qui soudainement perdu totalement espoir, cette conversation ne servait à rien, elle était inutile avant même qu'elle ait commencé et cela était pareil pour chaque conversation qu'elle osait entreprendre avec sa petite soeur.
C'est vrai, elle n'était pas sa mère, d'ailleurs on pourrait même se demander si elle était vraiment sa soeur tellement la relation qu'elles avaient n'avait jamais réellement existé. Pourtant ce n'était pas faute d'avoir essayé, c'est juste qu'une soeur semble totalement dérisoire comme envie quand on a toujours eu l'attention complète de ses parents. Même après la mort de leur mère, Gabrielle était le centre d'attention de Mr Harvelle quand ce dernier n'était pas préoccupé à se noyer dans son boulot. Gabrielle est parfaite, Gabrielle n'a pas besoin d'une emmerdeuse comme Tessa et cela, la rousse l'avait compris depuis bien longtemps.
Alors comment expliquer que cette dernière ne cesse pourtant d'être sur le dos de la benjamine ? Un besoin de vouloir toujours tout contrôler peut être ? Ou tout simplement le fait qu'elle soit préoccupée pour sa petite soeur, qu'elle s'inquiète pour elle ? Par ce que même si leur relation n'a jamais vraiment été toute rose, Tessa veillait depuis toujours à ce que Gabrielle aille bien, même si celle ci ne l'a jamais vraiment remarqué. Pensait-elle réellement que c'était ses doux parents attentionnés qui veillaient à chaque fois qu'elle perdait une dent à glisser une pièce sous l'oreiller de la princesse ? Bien sur que non, ils étaient trop occupés pour de telles futilités ! Et qui avait payé Samuel Cheshire pour qu'il écrive une carte de St Valentin à Gabrielle quand elle avait huit ans ? Tessa l'avait fait uniquement pour voir sa soeur folle de joie par ce que son béguin l'avait remarquée ! C'était des tas de petits gestes comme ceux ci qui semblaient insignifiants et qui pourtant comblaient aussi bien l'une que l'autre, et pour quel résultat ?
Doucement, Tessa finit par déposer le sachet d'herbe sur la commode qui surplombait l'entrée de la maison et fit demi-tour. Elle n'avait pas eu le temps d'enlever ses affaires depuis qu'elle était rentrée et c'était tant mieux puisque la jeune femme ne voulait pas passer un instant de plus dans cette demeure. Elle avait claqué la porte derrière elle et traversé l'allée d'un pas précipité avant de remonter dans sa voiture et de disparaître. Le volume de la musique était à son maximum tandis que les joues de la rousse commençaient à se remplir de larmes et de sanglots qu'elle essayait tant bien que mal de retenir. Tessa roulait, sans savoir où elle allait. Il y a quelques semaines, elle serait allée se réfugier chez Léonard Archer qui était alors son copain, mais voilà, Léonard était mort. Mort comme sa mère. Elle ne s'était jamais sentie aussi seule de sa vie et la situation ne faisait qu'empirer de jour en jour. Tout ce dont elle avait besoin maintenant c'était de distance, le plus de distance possible.